Style de vie,  Tout sur la bipolarité

Mes pires erreurs

​Mes 8 pires erreurs de bipolaire à éviter​

Des erreurs, j’en ai fait.

J’en ferai encore.

Cependant, j’estime en avoir fait de belles. Des erreurs qu’on à du mal à se pardonner et qui vous touche encore aujourd’hui.

S’en défaire est très compliqué voir même de l’ordre de l’impossible.

Pourtant, j’y crois.

J’y crois à cette petite lumière qui vit et me fait croire que oui, un jour, je me pardonnerai pour toutes ces conneries.

Parce qu’il faut se le dire, ce sont des conneries.

​Ce sont des conneries de payer toute sa vie pour des choses sur lesquelles nous avons pas le contrôle.

Ce sont des conneries de souffrir autant alors que nous, nous n’avons rien demandé.

Mais tel est le fonctionnement de la vie.

​On ne demande rien, pourtant on nous impose certaines choses. Bonnes ou mauvaises.

Aujourd’hui, je ne dirais pas que la bipolarité est une mauvaise chose pour moi. Je dirais simplement que je m’en serais bien passé.

Cependant, je me suis construis avec et elle m’a façonné pour que je devienne celui que je suis aujourd’hui.

Je suis fier d’en être là où j’en suis aujourd’hui et pour rien au monde je n’échangerai ma vie tellement elle me plaît.

Dans cet article, je vais vous révéler mes plus grosses erreurs.

​Vous verrez que certaines d’entres elles ont coûté très chères à ma famille​ et à moi.

Tout au long de cette lecture, je vous livrerais également quelques astuces afin d’éviter de vous retrouver dans certaines situations qui peuvent être embarrassantes.

​1. Chercher à être comme les autres

C’est un fait.

Nous ne sommes pas comme les autres.

Nous avons quelque chose en nous, la bipolarité, qui fait que nous ne sommes​ et ne seront jamais comme les autres.

L’accepter est quelque chose qui prend du temps.

Parfois énormément de temps.

Mais il me semble bon de rappeler que nous avons cette particularité qui fait de nous des personnes ​différentes.

Et j’emploie le mot « particularité » de manière volontaire.

Nous sommes particuliers et c’est une bonne chose.

Cette maladie nous rend unique, elle nous façonne et nous apprends bon nombres de choses que beaucoup de personnes sur terre ne connaîtrons jamais.

​Se battre contre soi-même est la chose la plus compliquée à faire.

Nous, bipolaire, devons mener ce combat tous les jours, à tous les instants.

​Ce combat demande du courage, de la ténacité et de la volonté.

Choses que vous avez.

Et si je suis aussi sûr de moi quand je dis que vous avez toutes ces qualités, c’est que je sais à quel point elles sont nécessaires pour tenir face à cette maladie.

Maladie qui, rappelons le, fait parti des dix pathologies les plus invalidantes selon l’OMS.

Et ce n’est pas pour rien qu’elle occupe cette position.

Être bipolaire ne se voit peut-être pas de l’extérieur. Cependant, la réalité en est tout autre.

Entre dépression profonde et hypomanie avérée, on se retrouve rapidement dans des situations que l’on arrive plus réellement à gérer.

Vouloir être comme les autres, c’est refuser la présence de la maladie. Et refuser sa présence, c’est lui donner plus de pouvoir qu’elle ne devrait en avoir.

Je vous encourage donc à accepter la maladie de vous accepter tel que vous êtes.

2. Arrêter la psychothérapie

J’ai, dans ma vie, dû arrêter la psychothérapie. Celle-là même qui me permettait de mettre des mots sur ce mal-être qui me rongeait et qui faisait de moi quelqu’un de plus serein.

​Pendant trois années, cette absence de guide n’a fait que me renfermer un peu plus chaque jour dans l’errance et la méconnaissance de moi-même.

Celle-ci est lourde de conséquence.

Essayez de vous diriger dans la bonne direction sans boussole. A moins de connaître quelques outils qui vous rendes autonome dans votre cheminement, on se perd assez vite.

C’est donc perdu que, trois ans plus tard, j’ai décidé de partir loin, très loin. A l’autre bout du monde pour dire vrai.

C’est également à cet endroit même, l’Australie, que j’ai du faire face à la pire crise maniaque de ma vie.

Une bouffée délirante aigüe, me dira t-on plus tard.

Ce genre de phénomène est plus répandue dans la schizophrénie. Mais en l’absence de récidive, cela s’apparente à de la bipolarité.

Je ne dirai pas que l’absence d’un suivi psychothérapeutique m’a directement amené à ce résultat.

Non.

En revanche, je peux dire que suivre régulièrement une thérapie aurait pu m’éviter ce passage douloureux.

​3. Prendre de la drogue

Quand on est jeune et étudiant, on se pose plein de questions. Notamment sur le sens de la vie.

Quand on est bipolaire, on se pose dix fois plus ce genre de questions.

La drogue, et surtout le cannabis, à cette réputation ( à qui veut bien l’entendre ) de pouvoir apaiser le mal-être.

Comme si, comme par magie, il allait s’endormir et ne plus jamais revenir.

C’est vrai que la drogue peut désinhiber, rendre « stone » et amener à des états de détente et de rire qu’on ne connaît que rarement sans elle.

Le revers de la médaille peut être plus repoussant.

Entre sentiment de ​manque, dépendance et augmentation de l’anxiété en son absence, on se retrouve assez vite piégé.

Piège que l’on remarque à peine tant que l’on ne désire pas s’en défaire.

Une fois dedans, par-contre, ce n’est bien souvent que trop tard que l’on remarque que la cage s’est refermée derrière nous.

Le bipolaire est sujet aux addictions.

Il faut donc resté méfiant quant à toutes ces substances qui, en plus de créer une addiction, dérèglent complétement votre rythme de vie.

Il va s’en dire qu’étant bipolaire, ce même rythme de vie est d’une importance capitale pour espérer être et rester stable.

Bannir toutes substances psychotropes est l’un des meilleurs conseils que je puisse vous donner.

Personnellement, si c’était à refaire, ​je ne m’y frotterai plus.

4. Arrêter les médicaments

Il me semble important d’introduire le terme d’observance.

Celui-ci correspond au suivi de la médication. C’est à dire  » Est ce que je prends tous les jours mes médicaments ? « 

​Ainsi, la bonne observance de son traitement signifie que l’on suis son traitement de façon régulière et assidu.

En étant bipolaire, je pense que l’on vous a répété un bon nombre de fois qu’il est important de suivre son traitement sans faire de pause.

Facile à dire quand ce n’est pas soi qui doit supporter les lourds effets secondaires de certains de ces médicaments.

Que se soit la prise de poids ou la perte de ses capacités cognitives, ce sont effets secondaires qui, souvent, nous détruisent plus ou moins rapidement.

Déjà, supporter la maladie n’est pas une mince affaire. En plus, il faut se coltiner des effets secondaires qu’on ne souhaiterai même pas à son pire ennemi.

Personnellement, j’ai vécu pendant un an et demi ce calvaire.

​A cause de mon traitement, les journées étaient très dures à vivre tant la fatigue était intense.

Je passais mes journées à lutter contre elle avec l’espoir, un jour, ​de prendre le dessus.

​C’est alors que la décision s’est imposée à moi.

Arrêter mon traitement.

Quel soulagement se fut de retrouver la quasi totalité de mes capacités physiques et intellectuelles.

Cependant, la réalité m’a vite rattrapé puisque mon humeur recommencait à faire des siennes.

Un an plus tard, j’ai de nouveau fait un épisode maniaque qui m’a amené aux urgences psychiatriques.

Le bilan est sans appel, sans traitement, cela recommencera, empirera.

Aujourd’hui, je ne regrette pas d’avoir arrêté mon traitement puisque la compréhension de ma psychiatre était limité.

​En revanche, il me semble plus judicieux de réajuster le traitement plutôt que de l’arrêter d’un seul coup.

Et si, comme se fut le cas pour moi, votre psychiatre ne vous comprends pas, changez-en.

5. Vouloir m’en sortir seul

La non compréhension de mon mal-être m’a hanté durant des années.

J’ai alors recherché toutes les solutions possibles et imaginable pour réparer ce dysfonctionnement que je ne comprenais pas.

Difficile de lutter contre un mal dont on ne connaît ni l’origine, ni les conséquences.

​Ayant plus de phase dépressive que maniaque, se renfermer comme une coquille a été assez instinctif pour moi.

​Chose qui n’arrange pas, la communication n’était en plus pas mon fort.

Avec du recul, je pense qu’il est beaucoup plus profitable, pour la personne bipolaire, de communiquer que de se renfermer.

Je pense également que ça l’est pour tout le monde, même ceux qui ne sont pas atteints de la bipolarité.

​A refaire, je me livrerai plus.

Je sais qu’il peut être compliqué de se livrer à propos de quelque chose qu’on ne comprends pas toujours soi-même. De plus, l’entourage n’est parfois pas d’une écoute bienveillante.

Il me semble, malgré tout, important de lâcher ce poids au travers de la communication.

6. Boire beaucoup ( trop ? ) d’alcool

L’alcool désinhibe.

Seulement, il faut garder en tête que c’est une substance qui crée de la dépendance et qui peut être très nocive pour le bipolaire.

En effet, cela va aggraver la maladie et donc ses conséquences.

Ayant été étudiant pendant quelques années, je me suis laissé aller à l’alcool.

​C’est alors devenu une pratique régulière que de boire entre amis malgré mon caractère un peu violent une fois ivre.

J’ai largement ressenti cette facilité à tomber dans l’addiction avec l’alcool.

C’est une substance légale et facilement accessible.

Pas besoin de vous faire un dessin, je pense en avoir trop abusé, même si aujourd’hui je n’y touche plus ou presque.

​7. L’erreur à 11 000 euros

​Le voyage en van aménagé m’a toujours fasciné et attiré.

En phase dépressive, je ne rêve que d’une chose, c’est de partir à travers le monde, seul.

Cette envi me reviens également en phase hypomaniaque et maniaque.

C’est lors de la descente d’une phase maniaque que j’ai décidé de me lancer.

Avec ma femme, nous avons donc décidé d’acheter cette jolie future maison sur roue que nous avions nommé Juvana.

La première erreur ici n’est pas tant l’achat ou le projet qui est en soi, très attirant. Mais plus le fait d’avoir pris la décision en dehors d’une période de stabilisation.

La deuxième erreur, c’est de ne pas avoir davantage réfléchi au projet sur le long terme.

Commencer aussi gros et aussi rapidement n’a évidemment pas aidé non plus à la réussite de ce projet.

Finalement, nous avons fini par revendre Juvana sans en avoir profité réellement.

Je vous conseille donc de prendre les décisions qui engagent de fortes sommes en période stable.

Prenez votre temps pour réfléchir sur le long terme et non pas sur la satisfaction immédiate.

​8. Un retour à quel prix ?

​Plus de 35 000 euros, c’est ce qu’aura coûté à ma famille mon rapatriement et mon expérience Australienne.

​L’arrêt de l’alcool la cigarette et les drogues n’ont pas empêché cela.

​L’un des ennemis du bipolaire est le stress.

Un stress excessif peut vous faire rechuter dans l’une ou l’autre des phases.

Et comme le stress engendre du stress, il devient difficile d’en sortir.

En 2014, suite à un stress permanent et une fatigue mentale et physique intense, j’ai fait une bouffée délirante ​aigüe à plus de 15 000 km de chez moi.

Mon état ne permettant pas de voyager seul, c’est à deux médecins français qu’il est demandé de me rapatrier. Le tout, en grande majorité à notre charge.

Entre l’aller-retour en première classe pour les deux médecins, l’hôtel pour plusieurs jours et mon billet retour en première classe, la facture est vite montée.

Pour ceux qui se pose la question, ce n’est pas nous qui avons choisi de voyager en première classe.

Voilà, nous avons fait le tours des pires erreurs de bipolaire que j’ai commise.

Aujourd’hui, je ne regrette en rien d’avoir fait ces erreurs car elles m’ont forgé et m’en on appris beaucoup sur moi-même.

Cependant, je tenais à vous les partager afin que vous puissiez les éviter car beaucoup d’entre-elles sont difficiles à vivre et amènent souvent à un profond mal-être.

Pendant votre lecture, je suis sûrement entrain de rechercher de nouvelles astuces afin de vous les partager. Laissez moi un commentaire, je vous répondrai avec plaisir :)

5 commentaires

  • Steph

    Au sortir de ma première oscillation (Hypomanie puis depression) j’ai cru pouvoir retrouver qui j’étais avant et reprendre mes activités professionnelles là où je les avais laissées. Sans changer d’habitudes par rapport à avant. Engagement dans des projets, responsabilités, stress intense (le plus souvent positif). Je n’avais pas encore appris à écouter mon corps et ma tête, à identifier les fluctuations et les sécurités à mettre. Malgré la medication, je me suis pris un nouveau mur. Moralité, celui qui reçoit un diagnostic de bipolarité devrait se voir remettre un bouquin qui encourage la connaissance de nos états et mes stratégies possibles pour les dompter. Merci pour l’article très bien rédigé !

    • Julien, un simple bipolaire

      Bonjour Stéphane ! exactement, il nous faudrait une notice d’emploi qui va avec la maladie et ce pour tout les domaines de la vie puisque tous les domaines sont touchés. Merci pour ton commentaire et à bientôt 🙂

  • Françoise

    Très joli article Julien ! Plein de la sagesse, de la sérénité, de la pertinence et de l’originalité dont on fait preuve quand on tutoie la stabilité, tout simplement 😉
    Merci !!

    • Julien, un simple bipolaire

      Merci Françoise, j’ai pris beaucoup de plaisir à écrire cet article et je suis content qu’il vous ai plut 🙂 c’est une vrai victoire pour moi !
      A bientot 🙂

  • Céline Meastwood

    Bonjour, c’est super de lire les erreurs qu’on pourrait faire et de se reconnaître dans certaines qu’on a déjà faites.
    J’ai 22 ans et je suis bipolaire, je vais essayer d’avoir une vie « normale » en prenant le trouble à bras le corps dès le début.

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